samedi 18 décembre 2010

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De publier vos fiches de lecture, impressions, sentiments ... sur les oeuvres de la très riche littérature haïtienne: à vos claviers, prêts, lisez!

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à très bientôt

1 commentaire:

  1. Bouleversant "Yanvalou pour Charlie"

    Lyonel Trouillot

    © © M.Melki Qui est Charlie, le héros du dernier roman de Lyonel Trouillot ? Un inoubliable enfant des rues de Port-au-Prince
    Un gamin déguenillé qui va "foutre le bordel" dans la vie bien rangée du narrateur, Mathurin.

    Avocat dans la capitale haïtienne, celui-ci affiche volontiers son cynisme ("Je ne perds pas de procès ce qui commence à se savoir. Les gens respectent les gagnants. Vaincre est un capital social").


    Ce cynisme de façade s'effondre lorsque Charlie vient dans son bureau "réveiller les morts et les bons sentiments" avec "des histoires de village, de meurtre, d'argent sale, d'amour et de misère, de musique populaire et de quartier bourgeois".

    En balançant à Mathurin son deuxième prénom, Dieutor, prénom qui trahit la misère et les hameaux perdus d'Haïti, Charlie a réveillé des fantômes. Parce que Mathurin, un jour, lui a ressemblé. Parce qu'il vient du même village que Charlie et a décidé de l'oublier.

    Le gamin raconte sa courte vie : recueilli par un prêtre généreux, dans un centre pour enfants abandonnés, il s'est fait trois amis. Une bande de quatre qui a commis l'irréparable, va être exclue du centre et se retrouver à la rue, en proie à la misère, à la violence, à la merci de de tous.

    Devant cet enfant au débit effréné et à l'existence menacée, l'avocat se souvient. De la misère et de la pauvreté, mais aussi de deuils plus intimes et de sentiments plus forts ("Les gens qui naissent en ville ne tiennent pas leur promesses"). Il se rappelle avoir abandonné la fidèle Anne, son amoureuse. Avoir laissé derrière lui "le vieux Gédéon" "qui marchait toujours derrière ses mots", arrachait de leurs mains les discours des hommes politiques menteurs, battait tout le monde aux cartes et lui avait donné une guitare, qu'il a gardée.

    Porté par une écriture prenante et rapide qui ressemble au "yanvalou" du titre ("Le yanvalou, c'est une musique qui monte et qui descend, ça ondule"), par une montée émotionnelle, par l'horreur de ce qui est décrit et subit et par des personnages plus qu'émouvants, ce roman qui se déroule sur une semaine - cruciale pour Mathurin comme pour Charlie - nous parle d'Haïti et de partout. Honte aux jurys des prix littéraires, qui, à l'exception de celui du prix Wepler-La Poste, l'ont pour l'instant ignoré.

    -> "Yanvalou pour Charlie" Lyonel Trouillot (Actes sud, 18 euros)

    http://culture.france2.fr/livres/actu/Bouleversant-Yanvalou-pour-Charlie-57283932.html

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